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Filmer l'artisanat d'art

La poutre épuisée qu’on arrache.

Les parties encore saines, préservées, préparées.

La lourdeur des troncs frais. On sent presque l’odeur du bois.

Le geste du sculpteur, à la fois sensuel et millimétré.


Je rêve de filmer un jour un travail d’artisan d’art comme celui-ci.


Cette vidéo résume quatre ans (2016-2020) du travail de restauration d’un navire de pêche norvégien datant de 1888, le Fremad II, par le Centre de Protection des Navires (Fartøyvernsenter) de la ville d’Hardanger.



Le film de 12 minutes passe à la vitesse de l’éclair pour peu qu’on soit sensible à la grâce du travail manuel (ce qui est mon cas). On est pris de vertige devant la somme de savoir-faire, de patience, de précision nécessaire à la réalisation d’un tel ouvrage.


De quoi créer des vocations.


Techniquement, certains aspects du films sont remarquables :

  • l’articulation des plans nous rend captifs de micro-récits lesquels montrent les différentes phases de la restauration. L’une s’achève à peine que notre curiosité est attirée par un nouvel objet ou un geste étrange. Les créateurs de série Netflix ne procèdent pas autrement.

  • le montage est rythmé, les plans sont très courts.

  • l’alternance de plans musclés et bruyants avec des plans délicats montrant la précision des gestes et la concentration des artisans.

  • le format carré, adapté aux réseaux sociaux et audacieux pour montrer un sujet globalement… tout en longueur.

  • l’absence de musique qui laisse la place à l’ambiance du chantier (frappes sourdes, sciages, pression de vapeur, etc.). J’apprécie particulièrement cette sobriété reposante qui donne le sentiment que le vidéaste me prend pour une personne intelligente qui n’a pas besoin qu’on lui dise quoi et quand ressentir (pas d’effets spéciaux, pas de musique dramatique, pas de titrages ou de leçon de morale). Le coup de trompe de la mise à l’eau et quelques rires égrènés suffisent pour partager la joie de ceux qui assistent à la renaissance du Fremad II.

  • la patience du vidéaste sur ce tournage de … quatre ans. J’ose à peine imaginer le nombre astronomique de rushs soigneusement répertoriés dans les disques durs.


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